OBJECTIVITY/OBJECTIVITE

I have started reading Lorraine Daston and Peter Galison's huge book entitled Objectivity, published in 2007. It is a very pleasant and thought-provoking read, since the two authors are remarkably clear and the book is fully illustrated. The authors' aim is to reconsider the usual historical narrative about scientific objectivity. Rather than a concept originating with the seventeenth-century scientific revolution, objectivity is the product of the nineteenth century and closely allied to the development of mechanical ways of observing nature, experimenting with it and reproducing data. Before the period of objectivity as such, there was a time when what scientifists aimed at was "truth-to-nature", which was in fact an idealised vision of their  results. This sounds pretty dry stuff, but it is made convincing and striking by the examples analysed, most of them from what the authors call "atlases", ie "systematic compilations of working objects" whose "images make the science" (p. 22). Before objectivity, scientists were likely to smooth out their results, and produce images of an ideal body/plant/organism, etc, rather than all the incidents pertaining to it. This implied very tight control over the artists employed by scientists in the case of collaborative work. An excellent case is that of Albinus and his draughtsman Jan Wandelaar, whose collaboration was studied in our last seminar by Tim Huisman : the scientist did everything in his power to depict an ideal skeleton, which, for him, was the epitome of "truth to nature". Objectivity arises partly with photography. The shock of objectivity, according to Daston and Galison's work, came when Arthur Worthington, who studied the splashes made by drops of liquid, realised (1877) that his own vision had simplified and idealised those splashes, compared to the photographs he took. In the same way, snow flakes are more often asymmetrical than corresponding to an ideal pattern (Neuhauss and Hellmann, 1893). A very impressive picture of actual snowflakes (p. 155, Fig. 3. 21) in the book is contrasted with some ideal types, drawn by hand (Fig. 3. 19 and 3.20). An interesting part of the work comes from the fact that the authors do not imply that objectivity made "truth-to-nature" redundant. In fact, for certain purposes, such as field guides,  a perfected drawing is more helpful than an actual photograph. Something we discussed at the start of our series with Valérie Chansigaud. So there is still some future for illustrators, who won't be all replaced by mechanical devices! I am sure everyone has had the experience of finding the drawing of a bird or a plant, which stresses its main characteristics, though not always visible in every specimen, more helpful than a photograph.


Below, Worthington splashes - drawn and photographed by himself :






J'ai commencé de lire le gros ouvrage de Lorraine Daston et Peter Galison, intitulé Objectivity, paru en 2007. C'est une lecture agréable et qui fait réfléchir, car les deux auteurs sont particulièrement clairs et le livre regorge d'illustrations. Le but des auteurs est de reconsidérer le récit historique habituel des développements de l'objectivité scientifique. Loin d'être un concept qui serait né avec la révolution scientifique du dix-septième siècle, l'objectivité est le produit du dix-neuvième siècle et lié assez étroitement aux progrès des moyens mécaniques d'observation de la nature, de conduite des expériences et de présentation des données. Avant la période de l'objectivité, il y eut une époque où le but des scientifiques était de s'approcher le plus possible de la "vérité naturelle", qui en fait donnait une vision idéalisée de leurs recherches. Ceci semble assez abscons, sans doute, mais les auteurs rendent leur thèse convaincante et séduisante grâce aux nombreux exemples qu'ils analysent, qui proviennent en majorité des "atlas", c'est-à-dire, selon leurs termes, de "compilations systématiques d'objets en fonctionnement" dont "les images créent la science" (p. 22). Avant l'objectivité, les scientifiques avaient tendance à simplifier leurs résultats et à publier des images idéales de corps/plantes/organismes, etc, et non toutes les irrégularités qui caractérisent les phénomènes. Cela impliquait un contrôle très étroit du scientifique sur l'artiste qu'il employait comme illustrateur dans le cas d'oeuvres en collaboration. Un exemple excellent est celui d'Albinus et de son illustrateur Jan Wandelaar dont nous a parlé Tim Huisman lors du dernier séminaire : le savant chercha par tous les moyens à dépeindre un squelette idéal, ce qui était pour lui le modèle de la "vérité naturelle". L'objectivité provient en partie de l'art de la photographie : le choc de l'objectivité, selon Daston et Galison, est venu avec Arthur Worthington qui étudiait les éclaboussures faites par des gouttes de liquide tombant d'une certaine hauteur (1877). Il se rendit compte quand il prit des photographies du phénomène qu'il avait eu tendance à simplifier et idéaliser ces impacts, pour qu'ils se conforment à un idéal de symétrie. De la même façon les flocons ou cristaux de neige sont plus souvent asymétriques que conformes à une symétrie idéale (Neuhauss et Hellmann, 1893). On trouve dans le livre une impressionnante photographie de flocons de neige réels (p. 155, figure 3.21) qui contraste avec des types de flocons parfaits, dessinés à la main (Figures 3. 19 et 3. 20). Un aspect important de l'ouvrage est que les auteurs insistent bien que l'objectivité n'a pas rejeté dans le néant la "vérité naturelle". En fait, dans certains cas, pour les guides de terrain, par exemple, un dessin idéalisé est parfois plus utile qu'une photographie de spécimens. C'est une chose que nous avions discutée lors de notre conférence inaugurale, avec Valérie Chansigaud. Il y a donc toujours un avenir pour les illustrateurs, que l'on ne peut pas remplacer complètement par des procédés mécaniques! Je suis certaine que tout le monde a un jour trouvé le dessin d'un oiseau ou d'une plante, qui mettait en relief des caractères parfois peu visibles dans tous les spécimens, plus utile pour son identification qu'une photographie.

Ci-dessus, les éclaboussures de Worthington, dessinées et photographiées par lui. 

SEMINAR JANUARY 25 2013/SEMINAIRE DU 25 JANVIER 2013

For our next seminar, we shall welcome two guests on the issue of anatomy. Hélène Cazes, from the University of Victoria (British Columbia, Canada) will talk about the typographical ornaments in Vesalius' De Fabrica, and Etienne Lepicard (Jerusalem) will introduce us to the influential Ma'asseh Tuviyah and its intriguing illustrations. The papers will be delivered in French. See the schedule (to the right) for more information.


Notre prochain séminaire accueillera deux invités sur le sujet de l'anatomie. Helène Cazes, de l'université de Victoria (Colombie Britannique, Canada) nous parlera des petites lettres et ornements typographiques dans le De Fabrica de Vésale et Etienne Lepicard (Jérusalem) nous présentera le traité Ma'asseh Tuviyah et ses curieuses illustrations. Les présentations se feront en français. Voyez le programme (à droite) pour plus d'informations.

THOMAS BEWICK


Thomas Bewick (1753-1828) was a naturalist, illustrator and wood-cut engraver who produced two important natural history treatises at the turn of the eighteenth and nineteenth centuries : A General History of Quadrupeds in 1790, and a history of British birds in two parts, Land Birds in 1797 and Water Birds in 1804. The Thomas Bewick Society maintains a site devoted to him. It is particularly interesting for its page on the technical aspects of his work. Bewick used blocks of box-wood for his engraving, but cut the images across the grain, and not along the grain, which required harder tools, but made the blocks much more durable, which meant you could print a larger number of books with the same block, and also mix images and print. This made illustrated books available at a cheaper price, to more people. Bewick said his animals would be presented in  more natural poses than their predecessors, though he worked mostly from dead and stuffed animals. In fact, some of the rarer animals seem to have been heavily inspired by the Histoire Naturelle by Buffon, produced half a century before. See for instance these two elephants:













On the left, Buffon's elephant, drawn by de Sève and on the right, Bewick's. Bewick has added African huts in the background, but the elephant is more likely to be an Asian elephant, as its ears are quite small. De Sève had placed eastern-looking pagodas where Bewick put his African huts. Nevertheless, there is no doutb that Bewick was not just capitalising on Buffon's seminal work. With his technical advances, he was able to make natural history illustrations available to a wider audience. It would be interesting to follow the development of the image of the elephant in the western world. I am sure it must have been done already...

For more information on Bewick :

Thomas Bewick Society


Thomas Bewick (1753-1828) était un naturaliste, illustrateur et graveur sur bois qui publia deux importants traités d'histoire naturelle à la charnière des dix-huitième et dix-neuvième siècles, une Histoire générale des Quadrupèdes (1790) et deux volumes consacrés aux oiseaux des îles britanniques, oiseaux non aquatiques (1797) et oiseaux aquatiques (1804).  La société Thomas Bewick lui consacre un site internet, particulièrement intéressant pour sa page dédiée à l'aspect technique de ses travaux. Bewick utilisait des blocs de bois de buis pour ses gravures, mais il les gravait à contre sens du bois, et non dans le sens du bois. Cela l'obligeait à employer des outils plus durs, mais faisait que les blocs pouvaient être réutilisés beaucoup plus de fois, ce qui permettait des tirages plus importants. Cela permettait aussi de mêler les images au texte. Les livres de Bewick, étant moins chers, étaient plus accessibles à un public plus vaste. Le but de Bewick était de représenter les animaux dans leur environnement naturel, et dans des poses plus naturelles que les illustrations de ses prédécesseurs. Ceci dit, il dut souvent prendre pour modèles des animaux morts ou empaillés. Certaines illustrations semblent inspirées directement de l'Histoire naturelle de Buffon, qui date de cinquante ans auparavant, particulièrement dans le cas d'animaux rares. Voyez ci-dessus à gauche l'éléphant de de Sève pour Buffon et à droite celui de Bewick. Alors que Buffon avait fait représenter des pagodes orientales entre les pattes de son éléphant - dont les oreilles assez petites semblent indiquer qu'il s'agit d'un éléphant des Indes - l'éléphant de Bewick laisse apercevoir des huttes africaines, qui sont inappropriées.  Ceci dit, Bewick ne fit pas que tirer parti du travail monumental de Buffon, ses découvertes techniques mirent les images naturalistes à la portée du plus grand nombre. Il serait intéressant de suivre l'évolution de l'image de l'éléphant en occident à travers les siècles. Cela a sans doute déjà été fait, d'ailleurs...En attendant, pour en savoir plus sur Bewick, voici le lien de la société : 

Thomas Bewick Society

SPONTANEOUS GENERATIONS/"GENERATIONS SPONTANEES"

The University of Toronto publishes an online journal dedicated to the history and philosophy of science. It is entitled Spontaneous Generations and is the work of graduate students at the Institute for the History and Philosophy of Science and Technology. They started in 2006, and have published regularly every year on the history/philosophy of science. The latest volume for 2012 is devoted to Visual representation and science, and includes a review of the 6th European Spring School on History of Science and Popularization I attended in May 2011 in Menorca, as well as around twenty articles ranging from anatomy to physics, and covering many centuries from Antiquity to the 21st century.  Here is the link, which I have also added to the left of the screen :

 Spontaneous generations

L'université de Toronto publie un journal en ligne dédié à l'histoire et à la philosophie des sciences. Il s'intitule Spontaneous Generations et est l'oeuvre des étudiants de l'Institut d'Histoire et de Philosophie des Sciences et des Technologies. Ils ont débuté en 2006 et ont publié chaque année régulièrement un volume sur l'histoire et/ou le philosophie des sciences. Le dernier volume (2012) est consacré aux Représentations visuelles dans les sciences et comprend, en sus d'un compte rendu sur les sixièmes rencontres de l'Ecole Européenne sur l'Histoire des Sciences et la Vulgarisation auxquelles je me suis rendue en mai 2011 à Minorque, une vingtaine d'articles, qui couvrent toutes les périodes, de l'antiquité au vingt-et-unième siècle et de nombreuses disciplines, de l'anatomie à la physique. Voici le lien ci-dessous, que vous trouverez aussi à la gauche de l'écran.

 Spontaneous generations

THE QUINARIAN SYSTEM/LE SYSTEME QUINAIRE


The article on trees and networks before and after Darwin mentions several nineteenth-century naturalists who defended the quinarian system - ie the idea that the animal and vegetable kingdoms are organised around the magic number 5, generally in five circles centred on men. The first to come up with this brilliant idea was William Sharp Macleay, a British entomologist who emigrated to Australia and who produced this fascinating drawing representing the world of insects :


He was followed by a couple of naturalists, as explained in this fascinating entry from a blog written by a naturalist living in India, which I would advise you to look at - also to discover pictures of strange insects. The link is below.

Quirky quinarians

Now, having never heard of such a system, I was curious to find out whether French naturalists followed the idea. Unfortunately, the "système quinaire" doesn't seem to have had much audience in France. I found a link to Charles d'Orbigny's Histoire naturelle (1841) in which Macleay is discussed in the following manner : "cet auteur base son système sur ce principe déduit des affinités naturelles des êtres, que tous les groupes organiques affectent la forme circulaire" (this author founds his system on this principle deduced from the natural affinities of beings, according to which all organic groups are arrenged in the shape of circles), "chacun de ces cercles contient cinq autres groupes formant un nouveau cercle" (each of these circles is made up of/includes five more groups making up another circle). "Aux points où ces cercles se touchent par leur circonférence, se trouvent des groupes intermédiaires qui les lient entre eux" (wherever the circles' circumference touch one another, there exist intermediary groups which connect them together). D'Orbigny remains very cautious. We see that the idea is still to explain the connections between species, in a different way from the Great Chain of Being, but still with intermediate creatures connecting whole groups together. In Latreille's Cours d'entomologie (1831), the author shows little respect for Macleay's "discovery", or rather "invention" : he regards it as "un jeu d'esprit, ou comme une hypothèse assez gratuite et sans aucun résultat avantageux pour la science" (a witticism/an intellectual game, or a rather gratuitous hypothesis without any profitable result for science). That is quite final, and relegates the beautiful circular images to the domain of imaginary aesthetics.


L'article sur les arbres et réseaux avant et après Darwin mentionne différents naturalistes du dix-neuvième siècle ayant défendu le système quinaire - l'idée selon laquelle les animaux et les végétaux s'organiseraient autour du chiffre magique 5, généralement en cinq cercles centrés sur l'homme. Le premier à soutenir cette idée a été William Sharp Macleay, entomologiste britannique ayant émigré en Australie, qui est l'auteur du fascinant dessin ci-dessus représentant la classification des insectes. Il fut suivi par une poignée de naturalistes, ainsi que l'explique un post du blog tenu par un naturaliste aux Indes, que je vous conseille d'aller découvrir - ne serait-ce que pour voir des images d'insectes rares. Voici le lien : 

Quirky quinarians

Comme je n'avais jamais entendu parler de ce système, j'étais curieuse de savoir si des naturalistes français avaient repris cette idée. Malheureusement, le système quinaire ne semble pas avoir eu beaucoup d'adeptes en France. J'ai trouvé un lien vers l'Histoire naturelle de Charles d'Orbigny (1841), qui parle de la façon suivante de Macleay : "cet auteur base son système sur ce principe déduit des affinités naturelles des êtres, que tous les groupes organiques affectent la forme circulaire [...] chacun de ces cercles contient cinq autres groupes formant un nouveau cercle [...] Aux points où ces cercles se touchent par leur circonférence, se trouvent des groupes intermédiaires qui les lient entre eux. " D'Orbigny reste prudent, on voit que l'idée est toujours d'expliquer les connexions entre les êtres vivants, d'une façon un peu différente de la Grande Chaîne des Etres, mais toujours avec des créatures intermédiaires qui permettent de relier des grands groupes entre eux. Dans le Cours d'entomologie de Latreille (1831), l'auteur montre peu de respect envers la "découverte" ou plutôt "invention" de Macleay. Il la considère comme "un jeu d'esprit, ou comme une hypothèse assez gratuite et sans aucun résultat avantageux pour la science." Voilà un jugement définitif, qui relègue dans le domaine de l'imaginaire et de l'esthétique ces belles images circulaires.

DARWIN, TREES AND NETWORKS/DARWIN, ARBRES ET RESEAUX

I have come across a fascinating article available on the online journal Biology Direct, following a conference in 2009 focusing on Evolutionary Biology 150 years after Darwin's Origin of Species. Its author is Mark A. Ragan, from the University of Queensland, and the article is entitled : "Trees and Networks before and after Darwin." It includes wonderful and surprising pictures, very rare indeed, such as this one, the tree of animal life, a tormented tree trunk, from Zoologia specialis, by Carl Edward Von Eichwald (1829). Quite a striking and unusual image!




But you also find deep analysis of Darwin's tree, and much older pictures, representing the Great Chain of Being, in this article. I also liked the author's appraisal of Richard Bradley's work A Philosophical Account of the Works of Nature, on which I gave a talk in the seminar series here in Dijon last year, an idiosyncratic author, as Mark A. Ragan calls him, but quite remarkable. I have added below Darwin's first sketch of a tree of life in his notebooks (from Wikipedia), and the link to M. Ragan's article itself, for its remarkable images at least. 







J'ai trouvé un article passionnant  dans le journal en ligne "Biology Direct", qui y a été publié à la suite d'un colloque de 2009 dont le thème était la biologie de l'évolution 150 ans après la publication de l'Origine des Espèces de Darwin. L'auteur de cet article, Mark A. Ragan, enseigne à l'université de Queensland en Australie et son article s'intitule : "Trees and Networks before and after Darwin", c'est-à-dire "Arbres et réseaux avant et après Darwin". L'article inclut de magnifiques et surprenantes images, très rares aussi, comme celle ci-dessus, l'arbre de la vie animale, arbre noueux et tourmenté tiré de Zoologia specialis, de Carl Edward Von Eichwald (1829). Une image frappante et inhabituelle!

On trouve aussi dans l'article une analyse détaillée de l'arbre de Darwin et des images plus anciennes, qui présentent la Grande Chaîne des Etres. J'ai apprécié l'analyse que fait l'auteur de l'ouvrage de Richard Bradley,  A Philosophical Account of the Works of Nature, dont j'ai donné un compte rendu l'an dernier ici dans le cadre de cette série de séminaires, un auteur atypique, comme l'a remarqué Mark A. Ragan, qui a une vue spécifique des choses. Vous verrez aussi ci-dessus l'esquisse dans les carnets de notes de Darwin de son arbre de la vie, tiré de Wikipédia. Ci-dessous le lien vers l'article de M. Ragan, ne serait-ce que pour ses incroyables images.



SCIENTIFIC ILLUSTRATORS DATABASE/BASE DE DONNEES SUR LES ILLUSTRATEURS SCIENTIFIQUES

I have received great news from Dr Klaus Hentschel from Stuttgart University departement of science. When he came to Menorca in May 2011, he mentioned his project for a database of scientific illustrators from 1450 to 1950. The data base (called DSI for short) is currently open and has 3,639 entries. I have added the link to the left of the screen. You can search the database in 20 different fields, such as date of birth, date of death, country of activity, collaborators, published sources... You can also contribute to it, submitting new names or adding information. This is a real treasure! Dr Hentschel has published an article in the Toronto journal "Spontaneous generations", about the DSI, available here :

Dr Hentschel article on the DSI

Je viens de recevoir des nouvelles passionnantes du Dr Klaus Hentschel du département des sciences de l'Université de Stuttgart. Quand il est venu à Minorque en mai 2011, il a parlé de son projet de base de données d'illustrateurs scientifiques de 1450 à 1950. La base de données est en opération (le sigle abrégé en est DSI) et contient 3 639 noms. Je viens d'ajouter le lien à gauche de l'écran. On peut faire des recherches dans 20 domaines différents, comme la date de naissance, de décès, le pays d'activité, les collaborateurs, les sources publiées... On peut aussi y contribuer en proposant de nouveaux noms ou en ajoutant des informations. Un vrai trésor! Le Dr Hentschel a publié un article de présentation dans le journal de Toronto "Spontaneous Generations" que l'on peut lire ci-dessous.


Dr Hentschel article on the DSI

YESTERDAY'S SEMINAR ON MEDICAL ILLUSTRATIONS/SEMINAIRE D'HIER SUR LES ILLUSTRATIONS MEDICALES

Our four speakers all made it to Dijon, though there was a call for a railway strike on Thursday, which fortunately did not affect their trips.

We were pleased to welcome two curators in Museums of Medicine - Tim Huisman, from the Boerhaave Museum in Leyden, and Alfons Zarzoso from the Medical History Museum in Barcelona. Both of them concentrated on a number of anatomical plates. Tim Huisman presented the collaborative work of anatomists and artists on two famous Dutch anatomical atlases : Bidloo's Anatomia Humani Corporis (1685), illustrated by Gérard de Lairesse and Albinus's Tabulae Sceleti et Musculorum (1747) with engravings by Jan Wandelaar. He pointed out how Lairesse's illustrations relied more on showing in detail the gruesome nature of the dissecting process, whereas Wandelaar's were idealised views of a perfect man. This major difference was caused by the different intellectual climates in the two periods and the different positions of the artist towards the anatomist - Albinus having little regard for his artist's liberty, whereas Bidloo and Lairesse shared the same status. Most striking was his depiction of how Wandelaar's freedom was constrained by Albinus's desire to present a "homo perfectus".

Nos quatre intervenants sont parvenus sans encombre à Dijon, malgré un appel à la grève à la SNCFpour jeudi, qui heureusement n'a pas affecté leurs trajets.

Nous avons été heureux d'accueillir deux conservateurs de musées de la médecine - Tim Huisman du Musée Boerhaave de Leyde et Alfons Zarzoso du Musée d'Histoire de la Médecine de Barcelone. Tous deux se sont concentrés sur des planches anatomiques. Tim Huisman a présenté la collaboration entre les artistes et les anatomistes dans deux atlas anatomiques hollandais célèbres : Anatomia Humani Corporis (1685), de Bidloo avec des illustrations de Gérard de Lairesse et Tabulae Sceleti et Musculorum (1747) d'Albinus, avec des gravures de Jan Wandelaar. Il a montré combien les illustrations de Lairesse se concentrent minutieusement sur le processus de dissection et sa nature morbide, alors que celles de Wandelaar présentent des visions idéales d'un homme parfait. Cette différence majeure est dû à l'évolution du climat intellectuel de l'époque, plus de 50 ans séparant les deux oeuvres, et à la différence de statut entre les anatomistes et leurs artistes-collaborateurs - Albinus laissant très peu de liberté à Wandelaar, alors que Bidloo et Lairesse partageaient le même statut social. J'ai été frappée par la façon dont Wandelaar était contraint par Albinus et son désir de montrer un "homo perfectus."

Alfons Zarzoso's talk was devoted to the  representation of the female body and the fetus in books on obstetrics in eighteenth-century Spain, at the time the surgeons took over the profession from midwives  in the eighteenth century. He underlined the importance of the circulation of knowledge in that field with surgeons travelling to France and England, and basing their knowledge on books adapted from Mauriceau, Baudelocque or Smellie, with or without their illustrations. It was very interesting to see how the plates related to wax models used in teaching surgeons and midwives, and how early representations showed the fetus floating almost freely in a very spacious womb.

La présentation d'Alfons Zarzoso était consacrée à la représentation du corps de la femme et du foetus dans les traités d'obstétrique espagnols du dix-huitième siècle, à une époque où les chirurgiens prennent en main la profession jusque là réservée aux sages-femmes. Il a souligné l'importance de la circulation des savoirs dans ce domaine, les chirurgiens voyageant en France et en Angleterre et fondant leurs travaux sur les traductions de Mauriceau, Baudelocque ou Smellie, adaptant leurs ouvrages avec ou sans les illustrations. C'était très intéressant de voir à quel point les illustrations étaient liées aux modèles de cire utilisés pour l'enseignement des chirurgiens et des sages-femmes, et aussi combien certaines représentations étaient encore primitives, montrant un foetus flottant confortablement dans un utérus très large.

Our two other speakers tackled subjects which were less familiar to the audience. Josep Simon, who is finishing his post-doctoral fellowship in Paris at the moment, presented an ongoing research project on "medical physics". His interest lies in seeing how a discipline emerges and constructs a narrative of its own history to create a sense of community. The narrative for medical physics turns on the idea that there was a moment of origin : the discovery of X-rays, and then a steady pace of development, following the progress of technology. But as he pointed out, the problem with this narrative is that it is contradicted by the number of books and their illustrations dealing with something already called "medical physics" before X-rays. The technology mentioned there (electricity, acoustics, photography...) led to the invention of instruments - many still kept in museums, or, as somebody pointed out, in university collections - that are not now considered useful, hence, perhaps the concentration on X-rays. This leads Josep Simon to insist on continuity, rather than paradigm change, in the Khunian tradition, to deal with the birth of a discipline. I understand his feeling : often, when trying to trace shifts in points of view, I have been led much farther back than I thought originally.

Nos deux autres intervenants ont abordé des sujets moins classiques pour l'auditoire. Josep Simon qui termine un post-doc à Paris en ce moment, nous a présenté un projet de recherche en cours sur la "physique médicale". Il s'intéresse à la façon dont les disciplines émergent, et se constituent un récit de leur propre histoire destiné à souder la communauté des praticiens. Le récit habituel de la physique médicale part de l'idée qu'elle a un point d'origine : la découverte des rayons X et qu'elle a ensuite suivi un chemin linéaire suivant les développements des technologies d'imagerie médicale. Mais comme l'a fait remarquer Josep Simon, ce récit est contredit par l'existence de nombreux ouvrages illustrés consacrés à ce qui s'appelait déjà "physique médicale" longtemps avant les rayons X. Les techniques qui y sont mentionnées (électricité, acoustique, photographie...) conduisirent à la création d'instruments (que l'on peut voir dans les fonds des musées, ou, comme quelqu'un le fit remarquer, dans les collections des universités) qui ne semblent pas aujourd'hui très utiles, d'où, peut-être, cette concentration sur les rayons X. Cela amène Josep Simon à insister sur le caractère de continuité, plutôt que sur les changements de paradigmes chers à Kuhn, dans la naissance des disciplines. Je comprends son sentiment: très souvent, lorsque j'ai essayé de retrouver les traces de l'origine d'une changement de point de vue, j'ai été amenée à remonter bien plus loin que je ne le pensais.


Elisa Campos, a biochemist from Lisbon, gave us a presentation of leading images in the history of perception of lipoproteins, cholesterol and atherosclerosis. The images were all twentieth-century, and they generally were either hugely magnified views of lipoproteins, or more interestingly schematic diagrams or charts of processes happening within the body. She clearly stated that some images were what scientists "saw", what they "thought, or whether they illustrated "how it works". She elegantly put it by saying "the picture becomes the theory". Indeed, in this case, what is represented is the discovery of processes within the body - through chemical reactions -sometimes the result of experiements carried out only the scientist's mind, and so, the illustrations both help the scientist to clear his own ideas, and contribute to the communication of knowledge and the easy memorising of the process discovered. Most interesting were the parallels between the original sketches and the textbook illustrations years later.


Elisa Campos, qui enseigne la biochimie à Lisbonne, nous a présenté les images marquantes de l'histoire de la perception des lipoprotéines, du cholestérol et de l'athérosclérose. Ces images sont toutes du vingtième siècle, et elles sont soit des agrandissements de lipoprotéines, ou mieux des diagrammes et des schémas explicatifs de processus qui ont lieu à l'intérieur du corps. Elle a clairement distingué entre des images qui étaient ce que les scientifiques "voyaient", ce qu'ils "pensaient", ou si elles illustraient "la façon dont cela marche." Elle l'a résumé de façon élégante en disant que "l'image devenait la théorie." En effet, dans ce cas, ce qui est représenté est la découverte de processus internes au corps - par le biais de réactions chimique - parfois le résultat d'expériences ayant eu lieu seulement dans l'esprit du savant, et donc, les illustrations l'aident à éclaircir ses pensées ou à communiquer ses connaissances, rendant le processus de mémorisation plus aisé. Il était très intéressant de voir en parallèle les premières esquisses des scientifiques et les illustrations dans les manuels des années plus tard.




MEDICAL IMAGES OCTOBER 26/IMAGES MEDICALES 26 OCTOBRE

Our next session will be devoted to medical illustrations - I am looking forward to meeting Tim Huisman from the Boerhaave Museum, and seeing again Josep Simon and Alfons Zarzoso who hosted the conference on scientific images in Minorca a year and a half ago, as well as Elisa Campos who attended it, like myself.
     




Notre prochaine session sera consacrée à l'illustration médicale. Je serai heureuse de rencontrer Tim Huisman, du musée Boerhaave, et de revoir Josep Simon et Alfons Zarzoso qui organisèrent le colloque sur les images scientifiques à Minorque il y a un et demi, ainsi qu'Elisa Campos, qui y avait assisté, comme moi-même.

PIERRE BELON AND COMPARATIVE ANATOMY/PIERRE BELON ET L'ANATOMIE COMPAREE


The beginning of term has been extremely busy - so that I haven't had much time to update the blog. I have recently come across some information on Pierre Belon (1517-1564), French physician and naturalist, and was interested to learn that he is considered as a precursor of comparative anatomy because of the publication of the following plates in his Histoire de la nature des oyseaux (1555) :



The parallels drawn between the skeletons of man ("amas des os humains") and that of a somewhat "ideal" bird are striking. But apparently, Belon does not make much of these impressive correspondences in his text (something which should be checked). If this is the case, these plates would be an excellent example of images saying a lot more than the text they illustrate - especially so with the benefit of hindsight...

La rentrée universitaire a été extraordinairement agitée - du coup je n'ai pas eu beaucoup de temps pour mettre à jour ce blog. J'ai récemment trouvé quelques informations sur Pierre Belon (1517-1564), médecin et naturaliste français de la Renaissance, et j'ai appris qu'il est généralement considéré comme un précurseur de l'anatomie comparée, en raison de la publication des planches ci-dessus dans son Histoire de la nature des Oyseaux (1555).

Les parallèles qu'il fait entre le squelette de l'homme ("amas des os humains") et celui d'un volatile assez "idéalisé" sont frappants. Mais apparemment, Belon ne tire pas grand-chose de ces impressionnantes correspondances dans le texte (quelque chose à vérifier). Si c'est bien le cas, nous serions donc face à un excellent exemple d'images qui en disent beaucoup plus que le texte qu'elles illustrent - surtout avec les connaissances acquises ultérieurement.

FORTHCOMING SEMINARS 2012-2013/PROCHAINS SEMINAIRES 2012-2013

I have added the programme for this coming academic year in the pages to the right of the screen. We are going to have one full day in October and four half-day from January to June, three in English, two in French. The information is somewhat scanty for certain presentations, but I shall update the page whenever possible.

Je viens d'ajouter le programme de l'année qui vient dans les pages à droite de l'écran. Nous allons avoir une journée entière d'études en octobre, puis quatre demi-journées réparties entre janvier et juin, trois en anglais, deux en français. Il manque parfois quelques infos pour certaines présentations, mais je mettrai la page à jour quand il le faudra.

MAXWELL AND COLOURS/MAXWELL ET LES COULEURS

As promised, a few words on the first colour photograph. Here it is :



It is a tartan ribbon, and was produced in 1861, by Thomas Sutton, on the advice of Maxwell. It is a composite of three black and white images taken through three different filters (red/blue and green). The plates were not sensitive to red light, hence the colours were not extremely bright. The plates are kept in the house where Maxwell was born in Edinburgh, which is now a museum. You can take a virtual tour here :

http://www.clerkmaxwellfoundation.org/index.html


Maxwell devoted several essays to the perception of colours and created discs of different colours to be pasted on a spinning top, to study chromaticity. Here is a picture of young Maxwell holding one colour disc :



Now, if I understand well, the study of chromaticity is the study of colours regardless of luminosity and according to the proportion of primary colours. Apparently white is made up of the same proportion of red/green and blue. This is shown in the universal chromaticity chart below, where white is at the centre.





These are complex physical theories - I found an interesting website explaining all this. It is called Causes of color, and is part of webexhibits.org. Webexhibits has got various branches, that deal with art, calendars, etc. On Causes of Color, you will find the major contributions from colour theorists, such as Newton, Goethe, Maxwell and of course the French chemist Chevreul. You will find the link below :

http://www.webexhibits.org/causesofcolor/index.html

And I am going to add the link to webexhibits to the left, because it is such a wonderful site.


Comme promis, quelques mots sur la première photo couleur, que vous verrez ci-dessus.

C'est un ruban de tissu écossais, pris en photo en 1861 par Thomas Sutton, sur les conseils de Maxwell. Il s'agit d'une combinaison de trois photos noir et blanc prises avec des filtres rouge, bleu et vert. Comme les plaques photos de l'époque étaient peu sensibles à la lumière rouge, les couleurs ne sont pas très vives. Ces plaques sont conservées au musée de la fondation Maxwell qui se trouve dans la maison natale de Maxwell à Edimbourg. Vous pouvez faire une visite virtuelle ci-dessous :

http://www.clerkmaxwellfoundation.org/index.html

Maxwell a consacré plusieurs essais à l'optique et aux couleurs, il créa des disques de différentes couleurs qu'il collait sur une toupie pour étudier la chromaticité. On le voit ci-dessus, plus jeunes, avec un disque de couleurs à la main.

Si je comprends bien, la chromaticité est l'étude des proportions des couleurs primaires dans chaque couleur, en laissant de côté leur luminosité. Apparemment, le blanc est formé de la même proportion de rouge, bleu et vert. Il existe un diagramme universel de chromaticité qui est ci-dessus. Le blanc se trouve au centre.

Ces théories physiques de la couleur sont compliquées - j'ai découvert un site très intéressant qui les explique. Il s'agit de Causes of color, une branche de webexhibits.org. Ce site regroupe des musées virtuels, sur les calendriers, l'histoire de l'art, etc. Sur Causes of Color, on retrouve les plus importantes contributions des théoriciens de la couleur, de Newton, Goethe, Maxwell, et bien sûr le chimiste français Chevreul. Le lien est ci-dessous.

http://www.webexhibits.org/causesofcolor/index.html

Je vais ajouter dans ma liste de liens celui vers webexhibits, c'est un site superbe.








MAXWELL AND THE USE OF DIAGRAMS/DE L'USAGE DES DIAGRAMMES SELON MAXWELL

A footnote in D'Arcy Thompson attracted my attention. He writes : "We may reflect with advantage on Clerk Maxwell's saying that 'the use of diagrams is a particular instance of that method of symbols which is so powerful an aid in the advancement of science'; and on his explanation that 'a diagram differs from a picture in this respect: that in a diagram no attempt is made to represent those factors of the actual material system which are not the special objects of our study.'"

James Clerk Maxwell (1831-1879) was the famous  Scottish physicist who developed electromagnetism, and made fundamental discoveries leading later to Einstein's theory of relativity. He was apparently also behind the first colour photograph. He died at 48, though in this photo he looks much older - the Victorian beard, no doubt.


Where does this quote in D'Arcy Thompson come from? perhaps from Maxwell's paper delivered to the Royal Society in Edinburgh, entitled "On reciprocal figures, frames and diagrams of forces", which is available online - along with some of his diagrams, at this address, on the Scottish Science Hall of Fame website :

http://digital.nls.uk/scientists/pageturner.cfm?id=74490478

I'll get back to Maxwell and his theory of colours soon.


Une note de bas de page dans D'Arcy Thompson a attiré mon attention. Il écrit : "nous pouvons réfléchir avec profit à la déclaration de Clerk Maxwell selon qui 'l'usage des diagrammes est un exemple particulier de cette méthode des symboles qui contribue avec tant de puissance au progrès des sciences'; et à son explication selon laquelle 'un diagramme est différent d'une image en cela que dans un diagramme il n'y aucune tentative pour  représenter ces aspects du système matériel réel qui ne sont pas l'objet de notre étude.'"

James Clerk Maxwell (1831-1879) est le physicien écossais bien connu qui développa les théories de l'électromagnétisme, faisant des découvertes fondamentales qui devaient mener ensuite à la théorie de la relativité d'Einstein. Il fut aussi apparemment à l'origine de la première photographie en couleurs. Il mourut à 48 ans, même s'il apparaît plus vieux sur la photo ci-dessus - la barbe victorienne typique sans doute.

D'où vient cette citation chez d'Arcy Thompson? peut-être d'une communication faite par Maxwell à la Royal Society d'Edimbourg, intitulée "On reciprocal figures, frames and diagrams of forces", disponible en ligne, avec les planches, à l'adresse de la Scottihs Science Hall of Fame.

http://digital.nls.uk/scientists/pageturner.cfm?id=74490478

Je reviendrai à Maxwell et sa théorie des couleurs bientôt.

SNOWFLAKES AND RADIOLARIANS/FLOCONS DE NEIGE ET RADIOLAIRES

D'Arcy Thompson celebrates snowflakes and the analogy of their structures to the skeletons of radiolarians. He writes : "the beauty of a snow crystal depends on its mathematical regularity and symmetry; but somehow the association of many variants of a single type, all related but no two the same, vastly increases our pleasure and admiration." You find incredible pictures of snow crystals on the Internet, such as these below, and even a site entirely devoted to them, whose link is below :

link to snowflakes




D'Arcy Thompson wanted to prove that you find the same kind of beautiful geometrical hexagonal pattern in the skeletons of radiolarians. These are tiny protozoa (fractions of a millimetre) that are useful in the dating of geological sediments. Ernst Haeckel devoted an entire work to them in 1862, with beautifully engraved copper plates, such as this one. There is obviouly a connection with snow flakes which strikes the eye and can be explained through mathematical formulas, calculating angles, etc. It is from Haeckel's book that d'Arcy Thompson elaborated the links between crystallography and this type of animal structure.

You can visit this link to see all the plates from Haeckel's book :

plates in Haeckel's book

Apparently, this book sparked an interest in Victorian society for looking through microscopes and marvelling at the beauties of nature. I remember reading superb descriptions of the scientific projections of microscopic views for the delight and instruction of the crowds in nineteenth century London in this wonderful book, The Shows of London by Richard Altick.

Of course, the problem with the analogy between snow flakes and radiolaria is that snowflakes do not engender each other...


D'Arcy Thompson célèbre la beauté des cristaux ou flocons de neige et leur analogie avec le squelette des radiolaires. Il écrit : "la beauté d'un flocon de neige dépend de sa symétrie et de sa régularité mathématique; mais il se trouve que l'existence de nombreuses variantes qui se ressemblent toutes sans que jamais deux ne soient exactement pareilles, accroît infiniment notre plaisir et notre admiration." On trouve des photos magnifiques de flocons de neige sur Internet, comme les deux ci-dessus, et il y a même un site entier qui leur est consacré. Le lien est ci-dessous :

lien vers les flocons

D'Arcy Thompson voulait prouver que les mêmes motifs géométriques hexagonaux se retrouvent dans le squelette des radiolaires, qui sont de minuscules protozoaires (de l'ordre du dixième de millimètre) qui permettent de dater les dépôts géologiques. Ernt Haeckel leur consacra en 1862 un livre superbement illustré de planches comme celle-ci, ci-dessus. On voit bien ici la ressemblance entre ces êtres microscopiques et les flocons, ressemblance qui peut s'expliquer au niveau mathématique par le calcul des angles, etc. C'est à partir de Haeckel que D'Arcy Thompson a explicité les liens entre la cristallographie et les structures animales.

On peut à cette adresse voir toutes les planches de l'ouvrage de Haeckel. 

planches de l'ouvrage de Haeckel

Apparemment, Haeckel a lancé la mode victorienne de regarder au microscope pour s'extasier sur les beautés de la nature. Je me souviens avoir lu de superbes descriptions des projections scientifiques de vues au microscope, pour le plaisir et l'instruction des foules dans le Londres du dix-neuvième siècle. Ceci dans ce merveilleux livre intitulé The Shows of London de Richard Altick.

Bien sûr, le problème de l'analogie entre les flocons et les radiolaires, c'est que les flocons ne se reproduisent pas....

JOSETTE CORAS

Josette Coras (1926-2008) was an engraver and artist who lived in the ancient Abbey of Baume les Messieurs in the Jura most of her life. The Abbey lost its religious status during the French Revolution, and is still lived in by different residents and families. Her art works are interesting, for their technique rather than for their content. She did watercolours, engravings, and paper sculptures. I visited the summer exhibition devoted to her in the Abbey of Baume yesterday. What struck me was the images she produced towards the end of her life which had some scientific and didactic content, about the area she lived in : the steephead or blind valley of Baume. She produced a work representing the rock face of the valley, drawing attention to hydrological and geological features, with a set of questions, such as "What is a blind valley?", "Why are there bluish-grey or brown streaks on the cliffs?", "why do stones fall from the cliffs?" - You see below the two extremities of this work of art.What is remarkable is that, though it is not visible here, the entire work is not painting or watercolour, but bits of torn paper, even the trees on the cliff tops...Quite beautiful!

Josette Coras (1926-2008) est une artiste spécialisée en gravures qui vécut la majeure partie de sa vie dans l'Abbaye de Baume les Messieurs dans le Jura. L'Abbaye a été vendue comme bien national à la Révolution, elle n'a plus de fonction religieuse et est toujours habitée par différents propriétaires et familles. Les oeuvres de Josette Coras sont intéressantes, surtout en raison de sa technique, plus que de leur contenu. Elle utilisait la gravure, l'aquarelle et a fait des sculptures en papier découpé. J'ai visité hier l'exposition qui lui est consacrée cet été sur les lieux mêmes où elle a vécu à Baume. Ce qui m'a le plus intéressée, ce sont
les oeuvres scientifiques et pédagogiques qu'elle a produites à la fin de sa vie, sur la reculée de Baume. Il y avait notamment une longue représentation des falaises de la reculée, attirant l'attention sur certains aspects hydrologiques et géologiques, accompagnée de questions comme : "qu'est-ce qu'une reculée?", "Pourquoi certains rochers se détachent-ils de la falaise?"; "Pourquoi y a-t-il des traces gris-bleu, ocre clair sur la falaise?". J'ai pris en photo les deux extrémités de cette longue oeuvre. Mais ce qui est remarquable, et invisible ici, c'est que l'oeuvre entière n'est ni de la peinture, ni de l'aquarelle, mais entièrement faite de morceaux de papier déchiré, même les arbres apparaissant au sommet des falaise...C'est très beau!

D'ARCY THOMPSON PART TWO/D'ARCY THOMPSON DEUXIEME PARTIE

I have now started to re-read On Growth and Form, and came across some interesting reflections on the physical properties of bodies, living and non-living. D'Arcy Thompson interprets the forms of some simple organisms as parallel to certain shapes created by splashes and drops of water. To the left, a polyp is placed in parallel to a splash of water, and to the right a jelllyfish is presented close to the drops formed by dropping ink in a liquid. The mathematics is somewhat difficult to follow. And this, though intriguing, doesn't address the question of what makes a jellyfish different from simple ink drops. The idea is to draw attention to the physics and mechanics of life forms, and how gravitation and size are constraints on life forms. And yet, I feel uncomfortable with these illustrations, however striking they are.  A polyp and a jellyfish are slightly different, if you look at real pictures of them. See below, a coral polyp from the site oceanworld, courtesy of Jeffrey N. Jeffords and a jellyfish from the site futura-sciences.

http://oceanworld.tamu.edu

http://www.futura-sciences.com






J'ai entrepris la relecture de On Growth and Form, et rencontré quelques réflexions intéressantes sur les propriétés physiques des corps, vivants ou non. D'Arcy Thompson met en parallèle les formes prises par des organismes simples avec les formes créées par des gouttes d'eau et des éclaboussures. A gauche, un polype, mis en parallèle avec des gouttes d'eau, et à droite une méduse comparée à de l'encre se diffusant peu à peu dans un liquide. Les formules mathématiques sont parfois difficiles à suivre. Et ces comparaisons, même si elles nous intriguent, ne traitent pas la question de ce qui fait qu'une méduse est autre chose qu'un amas de gouttes d'encre. L'idée est d'attirer l'attention du lecteur sur la physique et la mécanique des formes de vie, sur la façon dont la gravitation et la taille servent de contraintes à toutes les formes du vivant. Cependant, il me semble que les illustrations, aussi parlantes soient-elles, sont peu satisfaisantes. Le polype et la méduse sont assez différents si on regarde des images réelles, comme ci-dessous, un polype corallien trouvé sur le site oceanworld, photographié par Jeffrey N. Jeffords et une méduse du site futura-sciences.




http://oceanworld.tamu.edu

http://www.futura-sciences.com

NEXT YEAR'S SCHEDULE/CALENDRIER DE L'AN PROCHAIN



I was hoping to be able to post the entire programme for next year, with our speakers' bios and their summaries before going off on holiday, but some people are terribly busy and have not sent me their details yet. However, the dates and main topics which will be covered next year are available.


Friday October 26th 2012 will be devoted to a programme based on anatomical and medical illustrations. We shall welcome four researchers: Tim Huisman, from Leiden, Josep Simon and Alfons Zarzoso, who welcomed me in Minorca last year for a fascinating conference on scientific illustration, and Elisa Campos, who teaches biochemistry in Lisbon and specialises in lipoproteins.


On Friday January 25th 2013, we'll host a session in French, still devoted to anatomical illustrations, with Hélène Cazes from Canada and Etienne Lepicard, who shares his time between France and Israel. It will complement and enlarge the previous seminar's discussions.


On Friday March 22nd, a session will be devoted to engineering designs and designers, with Frances Robertson, who teaches in Glasgow, and our colleague from Dijon Mark Niemeyer, who has accumulated hundreds of documents over the years about the transatlantic cable. They will investigate the role of illustrations in promoting engineering designs.


On Friday May 24th, Richard Gawne and Phil MacGregor will investigate the theoretical framework of scientific images.


Finally on Friday June 7th, a session in French will be devoted to the question of images in the vulgarisation of sciences with our colleague Daniel Raichvarg, who specialises in publishing and Norbert Verdier, who teaches mathematics at the University of Paris-Sud.




J'espérais avant de partir en vacances pouvoir mettre en ligne le programme de séminaires de l'an prochain, notamment les CV et résumés des interventions de nos intervenants, mais certains d'entre eux sont très occupés et ne m'ont pas envoyé encore tous les détails de leurs interventions. Cependant, je voudrais ici annoncer les dates et les sujets que nous aborderons, qui sont déjà disponibles.


Le vendredi 26 octobre 2012 sera une journée entièrement consacrée aux illustrations anatomiques et médicales. Nous recevrons quatre chercheurs : Tim Huisman de Leyde, Josep Simon et Alfons Zarzoso, qui m'ont accueillie à Minorque l'an passé pour un colloque passionnant sur l'illustration scientifique, et Elisa Campos, qui enseigne la biochimie à Lisbonne et est spécialiste des lipoprotéines.


Le vendredi 25 juin 2013, nous aurons une session en français, toujours sur le sujet des illustrations anatomiques, avec Hélène Cazes du Canada et Etienne Lepicard, qui partage son temps entre la France et Israël. Cette journée complétera et étoffera les discussions de la journée précédente.


Le vendredi 22 mars 2013, une session sera consacrée aux dessins d'ingénieurs et aux illustrations de grands projets techniques, avec Frances Robertson qui enseigne à Glasgow et notre collègue de Dijon Mark Niemeyer, qui a accumulé de nombreux documents sur le câble transatlantique au fil des années. Ils nous parleront donc des illustrations dans les projets techniques.


Le vendredi 24 mai, Richard Gawne et Phil MacGregor viendront nous parler plus en détails des fondements théoriques de l'utilisation des images dans les sciences.


Enfin le vendredi 7 juin, nous aurons de nouveau une session en français, sur la question des sciences et de leur vulgarisation par l'image, avec notre collègue Daniel Raichvarg, spécialiste de l'édition, et Norbert Verdier qui enseigne les mathématiques à l'université de Paris-Sud.

SCIENCE AND RACISM/SCIENCE ET RACISME


After our last session and its very interesting series of ethnological/anthropological photographs, some of which were based on anthropometry, reflections have cropped up about science and racism, a well-researched domain. What could be thought more objective, and so more scientific,  than mathematical progression? and so, the calculation of facial angles by Camper (below left), through Bertillon, Lambroso and down to d'Arcy Thompson (below right) justified the categorisation of ethnic groups according to races. The hierarchy was made obvious through images which appeared final, which raises the question of how reliable illustrations can be, how much they simplify and distort messages. Following the publication in 2009 of a supposedly "humorous" cartoon depicting President Obama in the guise of an ape, Dr Susurro wrote a very sensitive and well-informed lengthy analysis of the "scientific" basis for likening Africans to apes. I would advise you to read her very interesting comments on the question. The link is just below. It contains interesting images, both popular and scientific. I think it would be interesting to be able to understand the power of these images on public opinion, compared to the (probably) weaker impact of accompanying texts.












https://likeawhisper.wordpress.com/2009/02/19/ny-post-says-humor-trumps-racism/

Après notre dernier séminaire et sa très intéressante série de photographies ethnologiques et anthropologiques, parfois inspirées de l'anthropométrie, quelques réflexions me sont venues à propos des rapports complexes des sciences et du racisme, un domaine très bien connu. Qu'est-ce qui pouvait être plus objectif, et donc plus scientifique, que des progressions mathématiques? Et ceci a justifié, par le biais de calculs des angles faciaux, de Camper (illustration à gauche) à D'Arcy Thompson (à droite), en passant par Bertillon et Lambroso, une catégorisation des races. Cette hiérarchie se voyait grâce aux images, qui semblaient incontestables, ce qui pose la question de la fiabilité des images, à quel point elles simplifient, et peuvent détourner certains messages. A la suite de la publication en 2009 d'un soi-disant dessin "humoristique" qui représentait le Président Obama sous les traits d'un singe, le Dr Susurro a écrit sur son blog une longue analyse intéressante et sensible des fondements "scientifiques" de la comparaison entre les Africains et les singes. Je vous conseille de lire ses commentaires très intéressants sur le sujet. Le lien est ci-dessus. Il contient beaucoup d'images, à la fois populaires et scientifiques. Je pense qu'il serait très intéressant de pouvoir comprendre le pouvoir de ces images, par rapport à l'impact (sans doute moindre)  des textes qui les accompagnent. 

GENDER AND RACES/GENRE ET RACES


Last Friday, we had the pleasure of listening to two colleagues on the cultural politics of scientific illustration. Dr Alix Cooper focused on a German family (the Breynes) living in Dantzig (now Gdansk) in the early eighteenth-century. The father, a physician trained in the Netherlands, published botanical catalogues, and the daughters' relations to botany took the form of versification and drawings. Some of those drawings were used by the father, with or without acknowledgement. Dr Cooper's research is really on the question of what "description" is during that period, how it changes from the Latin to the vernacular, how it implies illustration. Our colleague from Dijon, Valérie Morisson, who specialises in art and the history of Ireland, showed us a large number of photographs taken from British ethnological journals at the turn of the century, between 1860 and 1910. These were fascinating, for several reasons: some were supposedly more "scientific" when the sitters were photographed as if they were specimens - ie naked, against a bare background - , others accompanied articles without being really discussed in the texts, others still attempted to show people performing everyday tasks in their real environment.  The technical development of photography had a part to play in this development though the different styles coexisted. She stressed that "naming" the individuals photographed was rare, whereas "labelling" was common, which was a very interesting distinction, as photography, contrary to drawing, never totally erases individuality. This was clear in most cases as the sitters were generally reluctant models, and this showed in their expression.


Vendredi dernier, nous avons écouté avec plaisir nos deux intervenantes sur la question des politiques culturelles de l'illustration scientifique. Le professeur Alix Cooper nous a fait part de ses travaux sur une famille d'expression allemand vivant à Dantzig (aujourd'hui Gdansk) au début du dix-huitième siècle. Le père, un médecin qui avait étudié aux Pays-Bas, publia des traités de botanique, et les filles par contre, révélèrent leur intérêt pour la botanique par le biais de poèmes et de dessins. Certains de ces dessins furent utilisés par leur père, sans toutefois qu'il cite la participation de ses filles à ses travaux de façon systématique. Les recherches de notre invitée portent en réalité sur la question de ce que l'on entend par "description" dans cette période, comment on passe des descriptions en latin à des descriptions en langue vulgaire et comment les images se greffent sur ces descriptions. Notre collègue de Dijon, Valérie Morisson, spécialiste d'histoire de l'art et de l'Irlande, nous a montré un grand nombre de photographies qui parurent entre 1860 et 1910 dans les journaux d'ethnologie et d'anthropologie britanniques. Ces images étaient absolument fascinantes, pour différentes raisons : certaines étaient censées être plus "scientifiques" que d'autres, quand les modèles étaient photographiés comme des spécimens - c'est-à-dire nus sur un fond uni -, d'autres images accompagnaient des articles mais sans être du tout commentées dans le texte, d'autres essayaient de montrer les modèles en action, dans leur environnement réel. Les avancées techniques dans le domaine de la photographie ont joué un rôle dans ces changements, mais les différents styles ont coexisté durant toute la période. Notre collègue a mis en relief le fait que les légendes des illustrations faisaient rarement référence au "nom" des modèles. Ce qui intéressait l'ethnologue, c'était d'"étiqueter", non de "nommer". Cette distinction est d'autant plus intéressante que la photographie, contrairement au dessin, ne peut jamais effacer la personnalité des sujets photographiés. Cela se voyait clairement sur les images, car la plupart des modèles semblent avoit posé avec beaucoup de réticence, et c'était très visible dans leur expression.

ON GROWTH AND FORM/FORME ET CROISSANCE

In the spring term of 1987, while I was staying as a lectrice at the University of Sussex, I attended a series of lectures entitled "Growth and Form in Art and Science". There were lectures on Darwin, Goethe, Le Corbusier, John Cage, DNA and so on. Typical of the then wide-ranging perspective of undergraduate lectures, and loosely based on D'Arcy Thompson's classic book "On Growth and Form", which I remember reading at the time.Unfortunately, re-reading my notes this morning, I found them a bit unfocused (not too surprising after so many years), and this led me to try and find out a bit more about D'Arcy Thompson's theory. The book was published in 1917, enlarged for the 1942 edition, and abridged in 1956. D'Arcy Thompson deals with natural forms, animate or inanimate (waves, crystals, bones, shells...). His idea is primarily that evolution cannot just do ANYTHING with living organisms, and that there are constraints due to mechanical or physical pressure. So that the ability to change or evolve - the historical side of biology - is limited by the a-historical, what never changes, that is the physical sciences. At one point, D'Arcy Thompson used a remark made by Buffon, about the shape of cells in a bee-hive. Buffon had writtten that these hexagons were not due to the insects' intelligent design, but to simple mechanical pressure. This is what he wrote : "ces hexagones tant vantés, tant admirés, me fournissent une preuve de plus contre l'enthousiasme et l'admiration; cette figure [...] n'est ici qu'un résultat mécanique et assez imparfait qui se trouve souvent dans la nature, et que l'on remarque même dans ses productions les plus brutes; les cristaux et plusieurs autres pierres, quelques sels, etc, prennent constamment cette figure dans leur formation." (Histoire Naturelle, Tome 4).  I remember Buffon writing that peas would become hexagonal if pressed tightly in a jar. This is the kind of thing D'Arcy Thompson discusses. But this is not apparently the only truth about bee-cells : the design may be really due to the insects trying to save as much material as possible. Wikipedia has got articles on this. The French article questions Buffon and D'Arcy Thompson much more than the English one. I suggest you have a look to make your own opinion.


alvéole d'abeille Wikipedia

honeycomb Wikipedia


More investigation on D'Arcy Thompson later.

Au trimestre de printemps de 1987, alors que j'étais lectrice à l'Université de Sussex, j'ai suivi une série de cours magistraux sur le thème de "Forme et croissance dans les arts et les sciences". Il y eut des conférences sur Darwin, Goethe, Le Corbusier, John Cage, l'ADN, etc. C'était typique des vastes perspectives offertes aux étudiants de licence à l'époque. Les CM étaient basés, assez lointainement, sur l'ouvrage classique de D'Arcy Thompson,  "On growth and Form" que je lus à ce moment-là. Malheureusement, en relisant mes notes ce matin, je les ai trouvées assez vagues (pas étonnant après toutes ces années), et j'ai donc cherché à en savoir un peu plus sur la théorie de D'Arcy Thompson. Son livre parut en 1917, fut étoffé en 1942 et abrégé en 1956. D'Arcy Thompson envisage toutes les formes créées par la nature, animées ou non (vagues, cristaux, os, coquilles...). L'idée principale est que l'évolution ne peut pas créer N'IMPORTE QUOI dans les organismes vivants, et qu'il existe des contraintes mécaniques ou physiques. De sorte que la capacité à évoluer, à changer - le côté historique de la biologie - est limitée par ce qui est a-historique, ce qui ne change pas, c'est-à-dire les sciences physiques. D'Arcy Thompson, apparemment, réutilise une remarque faite par Buffon, à propos des alvéoles hexagonales des ruches. Buffon écrivit que les ces hexagones ne prouvent pas l'intelligence de ces insectes, mais la force due à la pression mécanique. Voici un extrait de ce qu'il dit : "ces hexagones tant vantés, tant admirés, me fournissent une preuve de plus contre l'enthousiasme et l'admiration; cette figure [...] n'est ici qu'un résultat mécanique et assez imparfait qui se trouve souvent dans la nature, et que l'on remarque même dans ses productions les plus brutes; les cristaux et plusieurs autres pierres, quelques sels, etc, prennent constamment cette figure dans leur formation." (Histoire Naturelle, Tome 4). Je me souviens que Buffon dit que si l'on presse des pois dans un bocal, ils deviendront hexagonaux aussi. C'est le genre de choses dont parle D'Arcy Thompson. Mais apparemment la vérité est peut-être plus complexe : il semblerait que les abeilles cherchent à utiliser la cire de la manière la plus économique qui soit, et il ne s'agirait donc pas simplement d'un résultat mécanique. Wikipedia a plusieurs articles à ce sujet. Je mets ci-dessous deux liens. Celui en français remet en cause Buffon et D'Arcy Thompson beaucoup plus que l'article en anglais. A vous donc de juger. 



alvéole d'abeille Wikipedia

honeycomb Wikipedia

Je reviendrai sur D'Arcy Thompson plus tard.

FIFTH SEMINAR JUNE 15th/CINQUIEME SEMINAIRE LE 15 JUIN


We have reached our fifth seminar this year. We are going to welcome Professor Alix Cooper from Stony Brook University, who teaches history and specialises in the history of science, medicine, gender and the environment. She is the author of Inventing the Indigenous : Local Knowledge and Natural History in Early Modern Europe (2007). She will focus on gender and the depiction of nature in the eighteenth century. Our colleague Valérie Morisson, who specialises in art history and the history of Ireland, will then present a number of ethnographic and anthropological photographs from the end of the nineteenth century, questioning the issue of ethnic groups in science. Both speakers will address the question of scientific illustrations in the context of political/cultural prejudices.

Nous organisons notre cinquième séminaire déjà pour cette année. Nous accueillerons le professeur Alix Cooper de l'université de Stony Brook, qui enseigne l'histoire et est spécialiste de l'histoire des sciences, de la médecine, des genres et de l'environnement. Elle est l'auteur de Inventing the Indigenous : Local Knowledge and Natural History in Early Modern Europe (2007). Elle nous parlera de  la question du genre (masculin/féminin) dans les descriptions de la nature au dix-huitième siècle. Notre collègue de Dijon, Valérie Morisson, qui est spécialiste d'histoire de l'art et de l'Irlande, nous présentera ensuite des photographies ethnographiques et anthropologiques de la fin du dix-neuvième siècle, qui mettent en cause la question des groupes ethniques en sciences. Nos deux intervenantes poseront donc la question des illustrations scientifiques dans  le contexte des préjugés culturels et politiques.





BOTANY AND ART/ART ET BOTANIQUE

Concordia University in Montreal is organising a conference on botany and the arts : Cross-pollinations: Botany and the Visual Arts, 1700 to the Present. The deadline to send a proposal is June 4th, and the conference is to take place in November. It sounds fascinating! Thanks to Tanja from Basel for passing on the information. Here is the link:

http://arthist.net/archive/3278

L'université Concordia de Montréal organise un colloque sur la botanique et les arts : Cross-pollinations: Botany and the Visual Arts, 1700 to the Present. La date limite de dépôt des propositions est le 4 juin, et le colloque aura lieu en novembre. Cela semble tout à fait fascinant. Merci à Tanja de Bâle qui m'a fait passer cette info! Voici le lien:


http://arthist.net/archive/3278

PHYSICS AND PSYCHOLOGY AND MAREY/LA PHYSIQUE, LA PSYCHOLOGIE ET LE FONDS MAREY




Our two speakers, Sigrid Leyssen, and Maria Rentetzi, on either side of Marion Leuba, the curator of the Fine Arts Museum in Beaune.

The two papers in our latest seminar may not have seemed at first to have many common points. Maria Rentetzi talked about how physicists had to design different devices in order to see sub-atomic particles (for which they were rewarded by no fewer than three Nobel Prizes) such as the cloud chamber and bubble chamber, and how they employed women to scan the kilometres of films to determine which moments were of most importance for the researchers. Sigrid Leyssen introduced us to the work of psychologist Albert Michotte, who created discs to test his theory according to which, contrary to Hume's famous statement that causality is all in the mind, causality is a perceptual phenomenon. Though Michotte couldn't prove such a point, he drew intensely elegant lines of different colours, reminiscent of Mondrian and others, to test his theory.

The two talks had in fact several themes in common : first of all, the period under study, from the thirties to the sixties; secondly the importance of apparatus to decide evidence and consequently the importance of images of some kind as proof of theory; and thirdly these machines, though Michotte's were more home-made than the incredible engines used in physics, had a similar purpose in tracking perception. All this fitted well with Marey's own machines, and results : as Marion Leuba explained to us in the afternoon, showing us round the storage rooms of Beaune's Fine Arts Museum, which house the Marey collections - hundreds of photographs taken by Marey and his machines as well - Marey was also a genius in designing machinery to attain certain results, and his guiding idea was to understand movement, in animals and human beings, and so to keep track of the fleeting movement, and arrest it. What physicists did with their photographs and psychologists tried to investigate. Marion Leuba gave us a lot of information on the relations between Muybridge and Marey. Some strange facts : the two men were born in the same year, died in the same year, and had the same initials. A few years ago, Beaune had an exhibition about them simply entitled : E J M. This was a rewarding day, and an eye-opener for me : I must say I had everything to learn in physics, and Maria Rentetzi has a talent to make you understand what goes on in CERN and similar places.

Voici une photo ci-dessus de nos deux intervenantes de vendredi 11 mai, Sigrid Leyssen et Maria Rentetzi, entourant la conservatrice du musée des Beaux-Arts de Beaune.


Les deux interventions de ce dernier séminaire semblaient à première vue avoir peu de choses en commun. Maria Rentetzi nous a parlé de la façon dont les physiciens  durent inventer différentes machines destinées à voir les particules subatomiques (ce qui leur valut trois Prix Nobel...), et comment les laboratoires de physique employaient des femmes pour observer minutieusement les kilomètres de films de ces particules, de manière à décider quels moments devaient être sauvegardés pour l'étude des chercheurs. Sigrid Leyssen nous a fait connaître les travaux du psychologue Albert Michotte, qui inventa des disques portant des lignes de différentes couleurs pour tester sa théorie selon laquelle, contrairement a ce qu'avait avancé David Hume au dix-huitième siècle, pour qui notre notion de causalité est dans notre esprit, non dans nos sens, la causalité est un effet de la perception. Michotte n'a jamais pu vraiment prouver que c'était le cas, mais il a dessiné de magnifiques lignes, très élégantes, proches de Mondrian et autres artistes modernistes, pour tester cette théorie.


Les deux interventions avaient en fait plusieurs points communs : premièrement, la période étudiée, des années 30 aux années 60 en gros; deuxièmement, l'insistance sur l'importance de machines à mesurer et donc d'images destinées à prouver la validité des théories; et troisièmement, ces machines avaient quelque chose de similaire, même si celles de Michotte sont bien moins sophistiquées que celles employées dans les labos de physique, elles ont toutes à voir avec le façon de sauvegarder des traces de la perception. Tout ceci s'accordait bien avec notre visite au Fonds Marey, qui se trouve dans les réserves du Musée des Beaux Arts de Beaune - des centaines de photos originales prises par Marey, et ses instruments. Marey était aussi un génie du bricolage qui inventa ses propres machines - comme Michotte ou les physiciens primés - pour parvenir à certains résultats, et son idée principale était de comprendre le mouvement, des animaux ou des hommes, et donc de pouvoir l'arrêter et le décomposer. Ce que faisaient les physiciens avec les particules subatomiques, et ce qu'étudiait Michotte dans nos perceptions. Marion Leuba nous a donné des informations sur les relations entre Muybridge et Marey. Quelques faits curieux : les deux hommes sont nés la même année, morts la même année, et avaient les mêmes initiales. Si bien qu'il y a quelques années, Beaune a proposé une exposition sur eux simplement intitulée : EJ M. La journée a été fructueuse, très intéressante pour moi qui ne connaît pas grand-chose en physique. Maria Rentetzi a le don de faire comprendre ce qui se passe dans des endroits comme le CERN.