SCIENCE AND RACISM/SCIENCE ET RACISME


After our last session and its very interesting series of ethnological/anthropological photographs, some of which were based on anthropometry, reflections have cropped up about science and racism, a well-researched domain. What could be thought more objective, and so more scientific,  than mathematical progression? and so, the calculation of facial angles by Camper (below left), through Bertillon, Lambroso and down to d'Arcy Thompson (below right) justified the categorisation of ethnic groups according to races. The hierarchy was made obvious through images which appeared final, which raises the question of how reliable illustrations can be, how much they simplify and distort messages. Following the publication in 2009 of a supposedly "humorous" cartoon depicting President Obama in the guise of an ape, Dr Susurro wrote a very sensitive and well-informed lengthy analysis of the "scientific" basis for likening Africans to apes. I would advise you to read her very interesting comments on the question. The link is just below. It contains interesting images, both popular and scientific. I think it would be interesting to be able to understand the power of these images on public opinion, compared to the (probably) weaker impact of accompanying texts.












https://likeawhisper.wordpress.com/2009/02/19/ny-post-says-humor-trumps-racism/

Après notre dernier séminaire et sa très intéressante série de photographies ethnologiques et anthropologiques, parfois inspirées de l'anthropométrie, quelques réflexions me sont venues à propos des rapports complexes des sciences et du racisme, un domaine très bien connu. Qu'est-ce qui pouvait être plus objectif, et donc plus scientifique, que des progressions mathématiques? Et ceci a justifié, par le biais de calculs des angles faciaux, de Camper (illustration à gauche) à D'Arcy Thompson (à droite), en passant par Bertillon et Lambroso, une catégorisation des races. Cette hiérarchie se voyait grâce aux images, qui semblaient incontestables, ce qui pose la question de la fiabilité des images, à quel point elles simplifient, et peuvent détourner certains messages. A la suite de la publication en 2009 d'un soi-disant dessin "humoristique" qui représentait le Président Obama sous les traits d'un singe, le Dr Susurro a écrit sur son blog une longue analyse intéressante et sensible des fondements "scientifiques" de la comparaison entre les Africains et les singes. Je vous conseille de lire ses commentaires très intéressants sur le sujet. Le lien est ci-dessus. Il contient beaucoup d'images, à la fois populaires et scientifiques. Je pense qu'il serait très intéressant de pouvoir comprendre le pouvoir de ces images, par rapport à l'impact (sans doute moindre)  des textes qui les accompagnent. 

GENDER AND RACES/GENRE ET RACES


Last Friday, we had the pleasure of listening to two colleagues on the cultural politics of scientific illustration. Dr Alix Cooper focused on a German family (the Breynes) living in Dantzig (now Gdansk) in the early eighteenth-century. The father, a physician trained in the Netherlands, published botanical catalogues, and the daughters' relations to botany took the form of versification and drawings. Some of those drawings were used by the father, with or without acknowledgement. Dr Cooper's research is really on the question of what "description" is during that period, how it changes from the Latin to the vernacular, how it implies illustration. Our colleague from Dijon, Valérie Morisson, who specialises in art and the history of Ireland, showed us a large number of photographs taken from British ethnological journals at the turn of the century, between 1860 and 1910. These were fascinating, for several reasons: some were supposedly more "scientific" when the sitters were photographed as if they were specimens - ie naked, against a bare background - , others accompanied articles without being really discussed in the texts, others still attempted to show people performing everyday tasks in their real environment.  The technical development of photography had a part to play in this development though the different styles coexisted. She stressed that "naming" the individuals photographed was rare, whereas "labelling" was common, which was a very interesting distinction, as photography, contrary to drawing, never totally erases individuality. This was clear in most cases as the sitters were generally reluctant models, and this showed in their expression.


Vendredi dernier, nous avons écouté avec plaisir nos deux intervenantes sur la question des politiques culturelles de l'illustration scientifique. Le professeur Alix Cooper nous a fait part de ses travaux sur une famille d'expression allemand vivant à Dantzig (aujourd'hui Gdansk) au début du dix-huitième siècle. Le père, un médecin qui avait étudié aux Pays-Bas, publia des traités de botanique, et les filles par contre, révélèrent leur intérêt pour la botanique par le biais de poèmes et de dessins. Certains de ces dessins furent utilisés par leur père, sans toutefois qu'il cite la participation de ses filles à ses travaux de façon systématique. Les recherches de notre invitée portent en réalité sur la question de ce que l'on entend par "description" dans cette période, comment on passe des descriptions en latin à des descriptions en langue vulgaire et comment les images se greffent sur ces descriptions. Notre collègue de Dijon, Valérie Morisson, spécialiste d'histoire de l'art et de l'Irlande, nous a montré un grand nombre de photographies qui parurent entre 1860 et 1910 dans les journaux d'ethnologie et d'anthropologie britanniques. Ces images étaient absolument fascinantes, pour différentes raisons : certaines étaient censées être plus "scientifiques" que d'autres, quand les modèles étaient photographiés comme des spécimens - c'est-à-dire nus sur un fond uni -, d'autres images accompagnaient des articles mais sans être du tout commentées dans le texte, d'autres essayaient de montrer les modèles en action, dans leur environnement réel. Les avancées techniques dans le domaine de la photographie ont joué un rôle dans ces changements, mais les différents styles ont coexisté durant toute la période. Notre collègue a mis en relief le fait que les légendes des illustrations faisaient rarement référence au "nom" des modèles. Ce qui intéressait l'ethnologue, c'était d'"étiqueter", non de "nommer". Cette distinction est d'autant plus intéressante que la photographie, contrairement au dessin, ne peut jamais effacer la personnalité des sujets photographiés. Cela se voyait clairement sur les images, car la plupart des modèles semblent avoit posé avec beaucoup de réticence, et c'était très visible dans leur expression.

ON GROWTH AND FORM/FORME ET CROISSANCE

In the spring term of 1987, while I was staying as a lectrice at the University of Sussex, I attended a series of lectures entitled "Growth and Form in Art and Science". There were lectures on Darwin, Goethe, Le Corbusier, John Cage, DNA and so on. Typical of the then wide-ranging perspective of undergraduate lectures, and loosely based on D'Arcy Thompson's classic book "On Growth and Form", which I remember reading at the time.Unfortunately, re-reading my notes this morning, I found them a bit unfocused (not too surprising after so many years), and this led me to try and find out a bit more about D'Arcy Thompson's theory. The book was published in 1917, enlarged for the 1942 edition, and abridged in 1956. D'Arcy Thompson deals with natural forms, animate or inanimate (waves, crystals, bones, shells...). His idea is primarily that evolution cannot just do ANYTHING with living organisms, and that there are constraints due to mechanical or physical pressure. So that the ability to change or evolve - the historical side of biology - is limited by the a-historical, what never changes, that is the physical sciences. At one point, D'Arcy Thompson used a remark made by Buffon, about the shape of cells in a bee-hive. Buffon had writtten that these hexagons were not due to the insects' intelligent design, but to simple mechanical pressure. This is what he wrote : "ces hexagones tant vantés, tant admirés, me fournissent une preuve de plus contre l'enthousiasme et l'admiration; cette figure [...] n'est ici qu'un résultat mécanique et assez imparfait qui se trouve souvent dans la nature, et que l'on remarque même dans ses productions les plus brutes; les cristaux et plusieurs autres pierres, quelques sels, etc, prennent constamment cette figure dans leur formation." (Histoire Naturelle, Tome 4).  I remember Buffon writing that peas would become hexagonal if pressed tightly in a jar. This is the kind of thing D'Arcy Thompson discusses. But this is not apparently the only truth about bee-cells : the design may be really due to the insects trying to save as much material as possible. Wikipedia has got articles on this. The French article questions Buffon and D'Arcy Thompson much more than the English one. I suggest you have a look to make your own opinion.


alvéole d'abeille Wikipedia

honeycomb Wikipedia


More investigation on D'Arcy Thompson later.

Au trimestre de printemps de 1987, alors que j'étais lectrice à l'Université de Sussex, j'ai suivi une série de cours magistraux sur le thème de "Forme et croissance dans les arts et les sciences". Il y eut des conférences sur Darwin, Goethe, Le Corbusier, John Cage, l'ADN, etc. C'était typique des vastes perspectives offertes aux étudiants de licence à l'époque. Les CM étaient basés, assez lointainement, sur l'ouvrage classique de D'Arcy Thompson,  "On growth and Form" que je lus à ce moment-là. Malheureusement, en relisant mes notes ce matin, je les ai trouvées assez vagues (pas étonnant après toutes ces années), et j'ai donc cherché à en savoir un peu plus sur la théorie de D'Arcy Thompson. Son livre parut en 1917, fut étoffé en 1942 et abrégé en 1956. D'Arcy Thompson envisage toutes les formes créées par la nature, animées ou non (vagues, cristaux, os, coquilles...). L'idée principale est que l'évolution ne peut pas créer N'IMPORTE QUOI dans les organismes vivants, et qu'il existe des contraintes mécaniques ou physiques. De sorte que la capacité à évoluer, à changer - le côté historique de la biologie - est limitée par ce qui est a-historique, ce qui ne change pas, c'est-à-dire les sciences physiques. D'Arcy Thompson, apparemment, réutilise une remarque faite par Buffon, à propos des alvéoles hexagonales des ruches. Buffon écrivit que les ces hexagones ne prouvent pas l'intelligence de ces insectes, mais la force due à la pression mécanique. Voici un extrait de ce qu'il dit : "ces hexagones tant vantés, tant admirés, me fournissent une preuve de plus contre l'enthousiasme et l'admiration; cette figure [...] n'est ici qu'un résultat mécanique et assez imparfait qui se trouve souvent dans la nature, et que l'on remarque même dans ses productions les plus brutes; les cristaux et plusieurs autres pierres, quelques sels, etc, prennent constamment cette figure dans leur formation." (Histoire Naturelle, Tome 4). Je me souviens que Buffon dit que si l'on presse des pois dans un bocal, ils deviendront hexagonaux aussi. C'est le genre de choses dont parle D'Arcy Thompson. Mais apparemment la vérité est peut-être plus complexe : il semblerait que les abeilles cherchent à utiliser la cire de la manière la plus économique qui soit, et il ne s'agirait donc pas simplement d'un résultat mécanique. Wikipedia a plusieurs articles à ce sujet. Je mets ci-dessous deux liens. Celui en français remet en cause Buffon et D'Arcy Thompson beaucoup plus que l'article en anglais. A vous donc de juger. 



alvéole d'abeille Wikipedia

honeycomb Wikipedia

Je reviendrai sur D'Arcy Thompson plus tard.